Dialogue ivoirien sur l'identification des populations et le désarmement
ABIDJAN (AFP) - La Côte d'Ivoire a mis en place un jeudi "comité de pilotage" chargé de suivre tout le processus d'identification des populations, mais l'armée loyaliste a opposé un net refus à des revendications des rebelles, lors du dialogue militaire qui se poursuivait à Bouaké (centre).
Les négociations, devant en principe mener au désarmement des ex-combattants, ont achoppé sur les demandes des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN-rébellion) concernant un état-major intégré, les grades des FAFN et les "arriérés de salaires".
L'identification et le désarmement sont les préalables à la réunification du pays - coupé en deux depuis une tentative de coup d'Etat raté contre le président Laurent Gbagbo en septembre 2002 - et à l'organisation d'ici le 31 octobre d'élections générales.
Le "comité de pilotage" doit en particulier lancer au niveau national, "probablement au début de la semaine prochaine" selon le ministre de la Justice Mamadou Koné, les "audiences foraines" dont une phase pilote avait été organisée en mai par le Premier Charles Konan Banny dans sept communes sur tout le territoire.
Magistrats et fonctionnaires de l'état civil avaient alors délivré, après audition des notables locaux et sur la foi de témoins, des actes de naissance aux personnes de plus de 13 ans sans papiers, ayant pu prouver leur naissance dans ces localités. Dans une deuxième phase, une carte d'identité ivoirienne sera délivrée à toute personne y ayant droit afin que puissent être établies des listes électorales.
Issu de la rébellion, le ministre de la Justice a demandé "une identification correcte, sans à priori, sans considération politique avec pour seul souci de donner la République les moyens de sortir de la crise", lors de la cérémonie officielle d'installation.
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Parallèlement, les chefs d'états-majors des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyalistes) le général Philippe Mangou et des FAFN Soumaïla Bakayoko étaient réunis à Bouaké (fief des FN) pour poursuivre les négociations en vue du désarmement, en présence du ministre de la Défense René Aphing Kouassi. Un responsable des FDS avait déclaré que l'ordre du jour était consacré à "des sujets qui ne fâchent pas".
Mais dans un communiqué final, lu par un porte-parole des forces loyalistes, celles-ci "ont rejeté toute idée d'un état-major intégré de transition, estimant que le cadre actuel était approprié".
Les FDS ont également "marqué leur refus" de prendre en considération" les grades que les FAFN avaient obtenus dans la rébellion. L'état-major loyaliste a également "marqué (son) désaccord" sur un paiement d'arriérés de solde aux rebelles.
Les deux parties se sont cependant engagées à poursuivre les opérations de pré-regroupement, première étape du désarmement, "bouclées" chez les loyalistes et "en cours" côté rebelle.
Le Groupe de travail international (GTI), chargé du suivi de ces processus avait encouragé le 23 juin M. Banny à prendre "les mesures nécessaires pour le redémarrage rapide des audiences foraines", et s'était "félicité" de la reprise du dialogue militaire.
Les deux réunions surviennent cependant alors que neuf personnes ont trouvé la mort lors d'attaques de deux villages dans l'ouest du pays, attribuées par le gouverneur militaire de la région à des "chasseurs traditionnels".
L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a condamné "fermement" ces "tueries" dans la "zone de confiance" qu'elle est chargée de surveiller, appuyée par 4.000 soldats français de l'opération Licorne.
Cette large zone s'étend d'est en ouest de la Côte d'Ivoire, séparant le sud loyaliste du nord contrôlé par les rebelles.