Un an après, la réforme de l'Onu est une oeuvre inachevée |
NEW YORK (AFP) - L'ambitieux projet de réforme de l'Onu lancé par son secrétaire général Kofi Annan a permis des avancées mais reste inachevé, un an après son lancement en 2005 lors d'un sommet. |
L'Onu a certes réussi à se débarrasser de sa Commission des droits de l'Homme, discréditée pour avoir servi de repaire à des violateurs notoires de ces droits. Elle l'a remplacée par le Conseil des droits de l'Homme, dont les critères d'accès et le mode de fonctionnement sont plus exigeants mais dont l'efficacité devra être jugée sur le long terme.
L'Onu s'est également dotée d'une Commission de consolidation de la paix, pour assister les pays sortant d'un conflit et éviter qu'ils ne retombent dans la violence. Ses premiers bénéficiaires désignés sont la Sierra Leone et le Burundi.
Le 8 septembre, l'Assemblée générale a adopté une stratégie de lutte contre le terrorisme basée sur le respect des droits de l'Homme et de l'Etat de droit. Mais en raison de divergences entre membres, ce texte ne comporte pas de définition universelle du terrorisme, ce qui retarde l'adoption d'une Convention globale sur le terrorisme, l'un des objectifs du sommet de 2005.
Un résultat positif de ce sommet avait été l'affirmation, pour la première fois, de la volonté des Etats d'agir, à travers le Conseil de sécurité, y compris par la force en cas d'échec des moyens diplomatiques si un Etat est "manifestement incapable" de protéger ses populations menacées de génocide, crimes de guerre ou contre l'humanité et nettoyages ethniques.
Mais l'actualité au Darfour par exemple démontre qu'il y a souvent décalage entre bonnes intentions et réalité.
Côté administratif, certaines réformes ont été accomplies - recrutement plus transparent, règles d'éthique renforcées - pour éviter de nouveaux scandales comme celui lié au programme "pétrole contre nourriture" en Irak.
Mais M. Annan avait promis davantage, notamment un renforcement du secrétariat et un réexamen rapide de tous les mandats de l'Onu afin de rationaliser ses activités et de rénover les pratiques en matière de budget, d'utilisation des ressources humaines et de contrôle des pratiques de gestion. Des améliorations avaient été réclamées dans ce domaine, notamment par les Etats-Unis, premier contributeur (22%) au budget de l'Onu.
Or ce volet de la réforme est bloqué, du fait d'un désaccord entre pays riches et en développement, ces derniers craignant une atténuation des prérogatives de l'Assemblée générale.
Autre chantier resté en friches, le désarmement et la revitalisation du Traité de non prolifération nucléaire.
Quant à l'élargissement du Conseil de sécurité, il paraît aujourd'hui enterré. Il y a pourtant consensus pour estimer que dans sa composition actuelle, presque inchangée depuis la création de l'Onu en 1945 avec 50 Etats membres, le Conseil de sécurité ne reflète plus la réalité du monde alors que l'Onu compte 192 pays membres.
Le Conseil compte 15 membres, dont cinq permanents dotés d'un droit de veto: Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie. De nombreux pays appellent à l'élargir pour y admettre des pays à économie forte et gros donateurs comme le Japon et l'Allemagne, ainsi que de grandes voix du Tiers monde.
Une tentative conjointe du "G4" (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) d'obtenir un siège permanent chacun au Conseil a échoué l'an dernier, principalement en raison de l'opposition de la Chine, grande rivale asiatique du Japon, qui reproche à Tokyo de s'être insuffisamment amendé pour ses exactions avant et pendant la Seconde guerre mondiale.
"On n'aura pas le +Big Bang+, la grande réforme des Nations unies, mais on est en train de ravaler le bâtiment", résume l'ambassadeur de France, Jean-Marc de La Sablière, qui se dit confiant que la réforme du Conseil de sécurité finira par se faire "un jour".
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Publié le: 18/09/2006 à 09:59:26 GMT |
Source : AFP |
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