Restitution à la Grèce d'une très rare monnaie romaine à l'effigie de Brutus
ATHENES (AFP) - La Grande-Bretagne a rendu mardi à la Grèce une pièce de monnaie romaine extrêmement rare à l'effigie de Brutus, le fils adoptif et assassin de Jules César, frappée pour commémorer son acte, a annoncé le ministre grec de la Culture Georges Voulgarakis.
"Pour la première fois, la Grande-Bretagne a appliqué une directive européenne sur la restitution de biens culturels qui ont été illégalement exportés d'un Etat membre" de l'Union européenne, a ajouté M. Voulgarakis dans une conférence de presse.
L'ambassade de Grèce à Londres avait été informée en juin 2005 que deux Grecs avaient vendu pour 18.000 euros la pièce datant de 43-42 avant JC à la société britannique Classical Numismatic Group Inc, a indiqué le ministre.
"Nous étions prêts à nous rendre devant les tribunaux pour récupérer la pièce, mais la société britannique nous l'a rendue sans aucune condition", a déclaré à l'AFP l'attachée culturelle de l'ambassade de Grèce à Londres Victoria Solomonidis, présente à la conférence de presse.
La pièce représente à l'avers le profil de la tête de Brutus, et au revers deux poignards entourant un bonnet que coiffaient les esclaves affranchis. Sous cette représentation figure l'inscription "EID MAR", une référence aux Ides de Mars (Eidibus Martiis), la date de l'assassinat de Jules César en 44 avant JC.
La pièce, un denarius en argent, a été frappée pendant les guerres civiles romaines par un atelier militaire ambulant qui suivait après l'assassinat de César les insurgés Brutus et Cassius. Ils se réfugièrent en Macédoine et furent battus par Antoine et Octave (Auguste) en 42 avant JC à la bataille de Philippes, dans le nord du pays.
Seules 58 monnaies de cette frappe sont actuellement gardées dans des collections privées ou publiques. Sur cet ensemble, seules quatres pièces ont une origine connue, dont deux sont conservées au musée de Pella dans le nord de la Grèce, a indiqué M. Voulgarakis.
Depuis deux ans, c'est le cinquième objet que la Grèce récupère après des efforts diplomatiques et policiers pour lutter contre le pillage d'antiquités. "La remise de la pièce d'argent par la Grande-Bretagne revêt une très grande importance car elle annonce d'autres restitutions", a affirmé le ministre.