L'encyclique Humanae Vitae sur la contraception divise toujours l'Eglise |
CITE DU VATICAN (AFP) - Quarante ans après sa publication, l'encyclique du pape Paul VI "Humanae Vitae" sur la sexualité qui interdit aux catholiques l'usage de la pilule et du préservatif divise encore profondément l'Eglise, mais Benoît XVI n'envisage en aucun cas de l'abroger. |
L'anniversaire de ce texte controversé a été marqué vendredi par deux prises de position contradictoires: tandis que le journal du Vatican l'Osservatore Romano en défendait le caractère "lucide et prémonitoire", des groupes de catholiques contestataires en demandaient l'abrogation dans une lettre ouverte au pape Benoît XVI.
Le sujet est suffisamment sensible pour que le porte-parole du Vatican réagisse immédiatement à la publication de cette lettre, pour en dénoncer le bien fondé et contester la représentativité de ses signataires.
Le porte-parole, le religieux jésuite Federico Lombardi, s'est notamment élevé contre l'accusation récurrente portée contre l'Eglise catholique et reprise par la lettre d'avoir contribué à la diffusion du sida par son opposition au préservatif.
"Les politiques de lutte contre le sida fondées principalement sur la diffusion des préservatifs sont largement en échec", a notamment assuré le père Lombardi.
La contestation contre Humanae Vitae, "l'encyclique sur la pilule", n'avait pas attendu l'apparition du sida. Sa sortie le 25 juillet 1968 avait fait l'effet d'un "coup de tonnerre" dans l'Eglise, rappelle vendredi le journal catholique français La Croix.
Le cardinal Roger Etchegaray parle dans ses mémoires d'un "schisme silencieux" qui a "fragilisé l'autorité" du pape.
En effet des millions de croyants ont alors pris leur distances avec l'Eglise, voire l'ont quittée purement et simplement, ne supportant pas cette intrusion dans leur intimité.
Le clergé s'est divisé sur l'attitude à adopter face à un texte couvert par l'infaillibilité pontificale.
Le cardinal américain Francis J. Stafford a rappelé vendredi dans l'Osservatore Romano que l'encyclique a provoqué une "déchirante dissension doctrinale" parmi "certains prêtres et théologiens américains".
L'Osservatore Romano a aussi rappelé qu'en signant ce texte, Paul VI était allé contre l'avis d'une commission d'experts qu'il avait lui-même nommée, mais que les futurs papes Jean Paul II et Benoît XVI partageaient sa position.
Benoît XVI a réaffirmé le 10 mai dernier la validité d'"Humanae Vitae" pour l'Eglise d'aujourd'hui.
"Elaboré à la lumière d'une décision difficile, il constitue un geste significatif de courage en réaffirmant la continuité de la doctrine et de la tradition de l'Eglise", a-t-il souligné.
Le mérite du document, selon lui, est d'avoir défini l'amour humain comme "un processus global (...) qui prend en charge l'unité de la personne et le partage total des époux" et reste nécessairement ouvert "au don de la vie".
Aujourd'hui des groupes minoritaires militent activement au sein de l'Eglise en faveur d'Humanae Vitae et de son "exigeante chasteté" et d'autres groupes minoritaires militent activement contre le texte et la "culpabilisation" qu'il provoque.
"Le seul tort" de l'Eglise est "d'avoir une haute idée de l'être humain", estimait ainsi la revue conservatrice France Catholique le 28 mai, tandis que les signataires de la lettre ouverte au pape relevaient vendredi que l'encyclique a "raté complètement son objectif".
Mais "Humanae Vitae ne fait plus guère partie des débats et des préoccupations" de la majorité des catholiques, qui se déterminent en conscience, constate La Croix.
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Publié le: 25/07/2008 à 16:06:50 GMT |
Source : AFP |
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