Nouveaux soutiens à Chirac après son renvoi en correctionnelle dont celui de sa fille adoptive

PARIS (AFP) - Jacques Chirac a reçu dimanche, après son renvoi en correctionnelle, le soutien de plusieurs personnalités ainsi que celui de sa fille adoptive, Ahn Dao Traxel, qui a décidé d'abandonner sa discrétion habituelle pour dénoncer une décision "injuste".

Jacques Chirac arrive à son domicile parisien, le 1er novembre 2009 (© AFP - Lionel Bonaventure)
Mais le premier sondage (BVA pour M6) réalisé auprès des Français sur son renvoi devant la justice - une première pour un ancien président de la Ve- dans le dossier des emplois présumés fictifs à la mairie de Paris lorsqu'il était maire de la capitale, a montré dimanche qu'une large majorité des sondés (72%) estime que la "justice doit le poursuivre comme n'importe quel citoyen".

Seuls 26% d'entre eux pensent que "la justice devrait le laisser tranquille, car ces histoires sont anciennes".

"Je trouve que c'est injuste et choquant", a déclaré à l'AFP Ahn Dao Traxel. "Condamner cet homme serait injuste", a dit la fille adoptive de Jacques et Bernadette Chirac.

Domiciliée à Boissy-la-Rivière (Essonne), elle a raconté avoir travaillé durant vingt ans, de 1980 à 2000, à la mairie de Paris comme agent de bureau, "sans jamais avoir bénéficié d'un passe droit alors qu'il (M. Chirac) aurait pu (lui) donner une fonction passe partout de chargé de mission s'il l'avait souhaité".

Ahn Dao Traxel, qui fait "confiance à la justice dans cette affaire", a dit "partager l'avis de Ségolène Royal" selon laquelle "il a mérité d'être tranquille". Elle a mis en outre l'accent sur l'action de son père adoptif sur la scène intrernationale, citant notamment son refus à la guerre en Irak aux côtés des Américains.

Parti quelques jours en vacances en famille, avec son petit-fils Martin, à Taroudant (Maroc) où il a ses habitudes, Jacques Chirac a regagné samedi soir son domicile parisien. A son arrivée, il a salué d'un geste de la main les photographes qui l'attendaient, sans faire de commentaire.

Un agenda chargé l'attend cette semaine avec la parution du premier tome de ses Mémoires jeudi. Mais son renvoi en correctionnelle devrait bousculer cet ordonnancement. En outre, le parquet a jusqu'à mercredi pour faire appel de la décision de renvoi.

Dimanche, Patrick Devedjian (Relance), qui fut son avocat, a estimé que le renvoi de M. Chirac n'était pas "une si bonne chose que ça", s'agissant "d'un président à la retraite et pour l'image de la France", même si cela donne "le sentiment que la justice est la même pour tous".

Et tous, peu ou prou, qu'ils soient de droite ou de gauche, étaient partagés entre deux commentaires: "la justice doit être la même pour tous", et une reconnaissance de l'action internationale de l'ancien chef de l'Etat.

En estimant "normal et justifié" que M. Chirac "réponde de ses actes", Arnaud Montebourg (PS), un de ses principaux détracteurs, a jugé que c'était "trop tard". Et d'ajouter: l'ancien président "a rendu des services à la nation quoi qu'on pense de lui".

"C'est une décision qui ne réjouit personne", a renchéri Pierre Moscovici (PS), mais "la justice doit être égale pour tous". "Il est normal que la justice soit la même pour tous", a commenté Chantal Jouanno (Ecologie).

L'ancien ministre du budget de François Mitterrand, Michel Charasse, a été plus tranchant dans sa désapprobation de la décision, longtemps après les faits. Selon lui, elle risque de "porter atteinte à l'image de la France". Il a considéré aussi que l'action de M. Chirac n'avait "pas été indigne pour la République".