Maroc: inhumation d'Abraham Serfaty célèbre opposant au roi Hassan II

CASABLANCA (Maroc) (AFP) - Des dizaines de personnes ont participé vendredi à Casablaca aux obsèques d'Abraham Serfaty --l'un des plus célèbres opposants de gauche à l'ancien roi du Maroc Hassan II--, décédé la veille à l'âge de 84 ans après une longue maladie, a constaté un journaliste de l'AFP.

Funérailles de l'opposant marocain Abraham Serfaty, le 19 novembre 2010 à Casablanca, en présence de son épouse Christine-Daure Serfaty (© AFP - Abdelhak Senna)
Son épouse, Christine Daure, qui l'avait toujours soutenu durant son parcours militant, ainsi que des membres de la communauté juive et des représentants de la société civile et d'ONG des droits de l'homme ont rendu un ultime hommage à M. Serfaty, au cimetière juif.

Le conseiller du roi Mohammed VI, André Azoulay, et des membres du gouvernement ont assisté aux funérailles au cours desquelles une oraison funèbre a été prononcée devant le cercueil enveloppé du drapeau marocain.

Abraham Serfaty avait consacré sa vie à militer contre l'absolutisme du régime d'Hassan II et à lutter pour les droits de l'homme. Il avait été aussi un fervent défenseur de la cause palestinienne.

La Ligue des droits de l'homme (LDH) en France a salué jeudi la mémoire de cet opposant marocain, "infatigable militant pour la justice et la liberté", qui incarnait à lui seul "une partie de l'histoire du Maroc".

"Sa réhabilitation par les autorités marocaines, comme celle de nombreuses autres victimes de la répression politique, fut un acte qui, sans effacer le passé, a ouvert la voie à une autre période dans l'histoire de ce pays", a souligné la LDH.

L'écrivain français Gilles Perrault, auteur de "Notre ami le roi", toujours interdit au Maroc, a rappelé que M. Serfaty avait été "victime d'une répression féroce". "Il a été torturé abominablement et n'a jamais lâché, jamais rendu les armes (...) c'est l'un de ceux qui a le plus souffert du régime d'Hassan II", a-t-il dit.

Serfaty, né à Casablanca dans une famille juive originaire de Tanger-, avait participé à la fondation dans les années 1970 de l'organisation d'extrême gauche Ila Al Amam (En Avant).

Il avait été condamné en octobre 1977 à la prison à perpétuité sous l'accusation de "complot contre la sûreté de l'Etat".

Proche à l'époque des thèses indépendantistes du Front Polisario sur le Sahara occidental, il a passé au total 17 ans en prison à Kénitra (nord de Rabat). Il avait été libéré en 1991 par le roi Hassan II, père de Mohammed VI, après une importante campagne internationale en sa faveur.